Philippe Berthommier nous raconte son choix de s'exprimer par la peinture, un médium en continuité, en rupture, en filiation...

Dans les années 80, aux Beaux-Arts de Tours, Philippe se sentait anachronique.  La mode n’était plus à la peinture. Il y avait certes le retour à la figuration libre (Keith Harring, Basquiat, Schnabel), mais, depuis Marcel Duchamp, la peinture se retrouvait au cœur d’une guérilla, où elle était  fustigée par les autres arts. Peindre l’affect était interdit, la beauté n’était plus invitée et le sentimentalisme était proscrit.

“J’attends d’une œuvre d’art qu'elle soit incarnée.” La peinture n'était pas alors une certitude, Philippe travaillait aussi la terre. “Je menais les deux de front, et mon prof voulait absolument que je passe le diplôme en sculpture.” Cet entêtement, vécu comme un étouffement, agace Philippe : “Je suis descendu dans la salle de céramique, j’ai pété tous mes modelages et j’ai passé mon diplôme en peinture.”

A travers la peinture, ce qui l’intéresse c’est de se confronter aux siècles d’histoire de l’art. C’est d’avoir eu des prédécesseurs. C’est d’être dans la continuité, la relation, la filiation ou la rupture. Il ajoute : “La peinture c’est aussi un art de l’échec.”

“La peinture c’est le territoire de la reformulation du monde”
Bernard Lamarche-Vadel

Depuis sa tendre enfance, Philippe se sent inapte au monde, inapte à cette société trop complexe, trop violente. L’art lui permet de reformuler le monde, de le rendre plus tolérable, d’y trouver sa place, de le traduire.

“La peinture c’est ma langue maternelle, c’est la profondeur dans le champ, dans l’unité et dans l’espace. C’est la sensualité, le désir, la fluidité… C’est à ma mesure : je raisonne quand je peux. Sinon je suis juste amoureux de la matière et j’ai envie de la sentir.”